Il n'hésite alors pas, sur son site de campagne, à aborder le douloureux souvenir de la mort de son compagnon Hubert en 1994, une victime de plus du SIDA, et tout l'amour qu'il lui porte encore aujourd'hui. Et d'ailleurs, comme il l'affirme lui-même : Impudiques penseront ceux qui trouvent pourtant normal d’étaler les photos des familles hétérosexuelles à longueur de magazines people ou de journaux électoraux. Car amener sa femme dans toutes les réunions, faire une campagne électorale avec elle, travailler à ses côtés sont des actes courants et logiques pour un homme politique hétérosexuel...
Il raconte sa rencontre avec Hubert : (...) je l’ai connu en mai 1984. J’avais 24 ans, lui 25. (...) il n’était pas d’une beauté classique, mais son charme rare vous attirait tel un aimant. Les souvenirs pourtant ne réussisent pas à effacer le manque, et Jean-Luc Roméro affirme que ce fut la première vraie grande nuit d’amour de sa courte vie. Comme s'il était parti avec lui, ce jour là. Pour palier cet immense vide, il écrit. Au cimetière, je restais seul de longues minutes. Je lui parlai comme s’il pouvait m’entendre. ( extrait d’On m’a volé ma vérité ).
Mais cela semble déranger, et une rubrique de son site recense les insultes homophobes reçues par le candidat. En voici quelques extraits :
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« Si les homosexuels doivent être protégés, c’est contre eux-mêmes et des pratiques douteuses qui mènent au sida… Je vais vous dire monsieur : je n’ai aucune sympathie pour votre état, pas d’agressivité mais plutôt du mépris car je pense que de nos jours il y a un peu une mode de se vouloir homosexuel. C’est tendance… Pour moi, l’homosexualité est une maladie qui conduit à des attitudes déviantes, dévoyées, non naturelles. Il faut se soigner…. Vos attitudes décevantes ne mènent à rien, alors pourquoi s’étonner du suicide des jeunes homosexuels que vous recrutez par vos moyens de medias, ou que vous encouragez ! »
« PD de droite, on en a marre de vous. »
«Monsieur Romero, La politique française n’avait vraiment pas besoin d’un nouveau parti, surtout le vôtre, représenté par un homosexuel sidaïque notoire et une star du porno. Vous êtes le reflet de la décadence et du déclin de notre nation. Le fait de racoler les jeunes de 16 ans ne frise t-il pas la pédophilie ? Nous avions, M. Mamère, le parti socialiste. Maintenant vous, sans parler du maire de Paris et de Lyon. En tant que citoyen, marié et père de 4 enfants, je me refuse de laisser l’avenir de ces derniers dans les mains de personnes telles que vous. Si vous pensez que mes propos sont injurieux, je joindrais à cette missive mes coordonnées personnelles. Je regrette de ne pouvoir vous provoquer en duel avec le choix des armes. Car les lâches de votre acabit ne savent se défendre que par le biais de la justice. Veuillez recevoir l’expression de mon plus profond dégoût.»
(...)En ce qui vous concerne,vous auriez dû songé à la mort bien avant,notamment à l'époque où vous avez tué par imprudence votre amant d'un soir Hubert en lui infligeant des souffrances atroces,celui qui vous avait accordé une confiance que vous avez trahie. Le suivre jusqu'au bout aurait été une attitude plus digne. Mais il n'est pas trop tard. Si des idées noires vous passent par la tête, vous n'avez besoin d'aide de personne pour envisager le suicide,même le jour où vous agoniserez car votre maladie ne vous rendra pas impotent. Cordialement. Babeil. »
Aujourd'hui Conseiller régional d’Ile-de-France et Président-fondateur d'Aujourd'hui, Autrement, l'homme politique est vice-président du CRIPS et membre du Conseil National du Sida. Et bien au-delà de ses convictions politiques, Jean-Luc Roméro, décoré chevalier de la Légion d'Honneur, a le mérite d'assumer publiquement son identité propre, politique et sexuelle. Et le mérite console de tout, affirmait Montesquieu.
Puis, je rejoins le marché aux fleurs. Rouges, blanches, violettes, roses, autant de couleurs que de tulipes. Mais pas de tulipes jaunes et surtout pas de roses jaunes, ces fleurs qu’aimait tant Hubert. Ces roses jaunes qui tombèrent brusquement durant sa messe d’enterrement. C’était il y a 10 ans déjà, en mai 1994.« Je vous ferai un signe ce jour là », avait juré notre bel Hubert, quelques jours avant sa mort, à sa belle-sœur Janine et à moi-même. Dans cette petite église, au cœur de l’Alsace, nous l’avons tout de suite compris : ce signe, c’était ces roses qui s’effondraient sans aucune raison devant un curé hébété. Et nos regards entendus se croisaient, soulagés d’avoir entendu le signe d’Hubert, la preuve qu’outre tombe, il resterait toujours avec nous. En nous.
Source gay : Coming-out