«Un rendez-vous chez la gyné? Mais non, moi je suis lesbienne, pas besoin de pilule!». Pour trop de lesbiennes encore, la gynécologie se réduit à la contraception. Pourtant, un suivi régulier permet de dépister les IST (Infections sexuellement transmissibles). Par exemple, les condylomes (causés par le virus du HPV) sont aussi contagieux que discrets: ils sont la première cause du cancer du col de l'utérus. Ensuite il y a l'herpès, la mycose et d'autres IST (infections sexuellement transmissibles) dont on doit aussi se méfier. Le Crips Île-de-France a créé un site internet de prévention «L» et un jeu mystérieux et coquin intitulé XX ? XX à découvrir sur son site. On y aborde aussi bien la consommation de drogues que les violences au sein du couple ou encore ce qu'est une digue dentaire. Clotilde Genon travaille sur les questions de santé gay et lesbienne. Elle répond aux questions de Têtu.
Pourquoi parle-t-on peu de prévention chez les lesbiennes? L'absence d'un discours de prévention auprès des lesbiennes a en partie une explication historique, liée à l'épidémie de VIH/sida qui les a peu touchées. Ces discours de prévention les ont donc exclues, on le constate encore aujourd'hui dans les campagnes de prévention des IST, qui les concernent pourtant. À cela s'ajoute l'absence de données épidémiologiques spécifiques à la transmission des IST entre femmes. Les lesbiennes demeurent invisibles. Subsiste aussi dans les représentations, notamment des professionnels de santé, l'idée d'une sexualité lesbienne sans pénétration, qui se limite à des caresses et de la tendresse. Les professionnels oublient parfois de parler prévention. (Cliquez ici pour accéder au document spécial à l'intention des gynécologues.)
Pourquoi les lesbiennes ne se soucient-elles pas des IST? Globalement les lesbiennes ne se protègent pas lors de leurs rapports sexuels avec d'autres femmes. Certaines ne pensent même pas à utiliser un préservatif avec leurs objets sexuels, alors que c'est une mesure d'hygiène autant que de prévention. Les femmes sont globalement au courant des modes de transmission du VIH, certaines des dépistages réguliers. La question se pose plus pour les autres IST (chlamydiae, condylomes...) qui pourraient être dépistées dans le cadre du suivi gynécologique. Mais ce suivi est malheureusement encore trop souvent associé aux questions de contraception. Il manque clairement des informations les sensibilisant à la question des IST et plus globalement sur la santé sexuelle. Un travail d'information et de déconstruction des représentations auprès des professionnels de santé serait aussi nécessaire afin d'éviter bien des maladresses.
Quelles sont problématiques de santé les plus fréquentes chez les lesbiennes? C'est difficile de répondre en l'absence de données épidémiologiques spécifiques. Être lesbienne ne constitue pas en soi une cause de problème de santé particulier, par contre les discriminations ou craintes ont un impact sur l'accès, le recours aux soins et la qualité de la prise en charge. Les problématiques de santé pour lesquelles les lesbiennes semblent avoir des taux de prévalence plus importants ou présenter des facteurs de vulnérabilité importants (santé mentale, usages de drogues, problèmes de poids…) sont souvent associées à une mauvaise estime de soi, un mal être découlant de l'homophobie et du sexisme ambiants.
Les lesbiennes parviennent-elles à se défaire du cliché de «femme douce et fidèle»?La pression sociale et la norme dictent un comportement, une norme de genre: l'image de la femme féminine, tendre et fidèle est encore bien ancrée dans les esprits. Les lesbiennes ont aussi intégré ce discours, et même si leur vie sexuelle et affective peut différer de cette norme, il reste à mon avis difficile de faire accepter ces changements, d'assumer d'autres comportements. Les discours, les pratiques évoluent, comme en témoignent Tatiana Potard dans son livre Sex addict qui pose l'image d'une femme qui «baise à clito rabattu» ou l'article sur le SM lesbien (Têtu n°112). Il faut éviter de créer une nouvelle norme en opposition au schéma habituel. Toutes les femmes ne se reconnaissent pas dans ces comportements mais il est important que le panel des possibles soit présenté pour permettre à chacune de trouver ce qui lui convient sans se sentir pour autant coupable.
Source gay : Tetu.com
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