. Y aura-t-il une manifestation d'usagers des bars du Marais le samedi 16 juin pour protester contre l'interdiction pesant sur le COX d'organiser sur la voie publique un évènement lors de la Fête de la musique ? Le mot d'ordre en est lancé. Sous le slogan "Liberté-égalité-festivité", les défenseurs de l'évènement, crient à la "discrimination". Face à eux, le commissaire du 4ème arrondissement fait valoir de solides arguments de sécurité publique pour justifier son refus d'accorder, cette année, la même autorisation que les années passées au COX pour mettre en place un dispositif extérieur à l'établissement à l'occasion de la Fête de la musique.
L'affrontement dure depuis des mois. Plusieurs contacts et réunions ont eu lieu sur le sujet entre les différentes parties sans qu'un accord n'en sorte. Le commissaire d'arrondissement, Monsieur Rigon, a proposé au COX un dispositif "plus modeste" que l'an passé pour éviter les problèmes de circulation observés rue des Archives ce soir-là et même une "décentralisation" de l'animation souhaitée par le COX vers un lieu comme l'Espace des Blancs-Manteaux, mais ces solutions ne conviennent pas aux responsables du bar. Le blocage est donc complet et la tension monte. D'autant que le COX a entrepris une mobilisation publique de sa clientèle et au-delà pour tenter de faire pression. Côté policier, le procédé agace d'autant que les arguments invoqués par le bar pour chauffer les esprits flirtent avec des soupçons d'homophobie. Une attitude dont se défend le commissaire.
A mi-chemin de ces positions qui ne parviennent pas à se rejoindre, le SNEG (Syndicat National des Entreprises Gaies) tente de jouer les médiateurs. Il a favorisé le dialogue et tenté de faire valoir les arguments des uns et des autres auprès de chacun sans parvenir à débloquer la situation jusqu'à ce jour. " Toute négociation entre deux interlocuteurs défendant leurs positions et assumant leurs responsabilités réciproques repose de part et d’autre sur une part de concession pour asseoir au mieux en contrepartie d’autres acquis ou revendications", explique Rémi Calmon du syndicat (Lire interview ci-dessous).
Côté mairie de Paris, même si le cabinet du maire n'a pas été officiellement saisi de l'affaire et qu'on se déclare sans réel pouvoir sur ces questions de police, on aimerait aussi qu'un compromis soit trouvé rapidement.
On en est là. La partie de bras de fer se poursuit et la menace d'un rassemblement protestataire à l'angle des rues des Archives et Ste Croix de la Bretonnerie, samedi prochain, n'est pas pour apaiser le climat.
Infos : www.liberte-egalite-festivite.org
>> Le SNEG aux côtés de ses adhérents dans le sens de la médiation
Rémi Calmon, directeur exécutif du SNEG, suit depuis des semaines le dossier aux côtés du président de l'association. Il fait le point pour E-llico.com.
Le Cox se plaint de ne pas obtenir d’autorisation pour la Fête de la Musique et y voit une attitude "discriminatoire" de la police du 4è arrondissement. Qu’en est-il selon le SNEG qui a participé aux discussions autour des autorisations liées à cette fête ?
Précisons avant tout deux éléments d’importance : le Cox n’obtient pas à ce jour d’autorisation d’animation en extérieur, mais n’est pas interdit de Fête de la Musique. Par ailleurs, c’est la Préfecture de Police qui prend la décision d’autorisation d’animation en extérieur et non le commissariat du 4ème arrondissement qui n’est qu’un des interlocuteurs consultés. Dans ce dossier, le SNEG n’a pas eu l’opportunité d’intervenir dès son origine dans la mesure où il n’a été saisi qu’après les deux rendez-vous entre l’exploitant et le commissariat d’arrondissement des 22 février et 26 mars. En revanche, une fois saisi, il a accompagné le Cox au commissariat d’arrondissement le lundi 4 juin. Ce jour-là, le commissariat a confirmé son avis défavorable quant à une animation en extérieur en l’état pour des raisons techniques de sécurité et, de nouveau, a suggéré à l’établissement d’ajuster son dispositif d’animation ou de délocaliser la manifestation. L’établissement a refusé de revoir le dispositif prévu sur place au motif qu’il était identique aux années précédentes, ce qui est vrai. Pour ce qui est de délocaliser la manifestation, hormis la proximité de la date de l’événement, soit le lieu ne convenait pas, soit il n’était plus disponible. En revanche, on ne peut pas parler d’attitude " discriminatoire " quand d’autres demandes d’animation en extérieur dans la même rue des Archives ont été refusées à des établissements accueillant une clientèle hétérosexuelle et quand d’autres établissements gays sur d’autres axes mettant en œuvre un autre dispositif d’animation ont, eux, reçu une autorisation.
Ne peut-on craindre que les questions de sécurité, régulièrement mises en avant par les autorités, ne masquent une volonté de réduire la visibilité habituelle des établissements gays lors de cet événement ?
Et le rôle du SNEG n’est-il pas de favoriser cette visibilité en usant de son influence dans le cadre de sa médiation avec les autorités ?
Le dispositif de sécurité mis en place par le Cox lui-même, avec notamment le concours de la Croix Rouge, est volontaire et efficace. Au constat d’absence de tout incident que défend le Cox, le commissariat oppose une expertise technique qui débouche sur le principe de précaution. Au nom de celui-ci, toutes les libertés, dans quelque domaine que ce soit, comme menacées par une épée de Damoclès, risquent d’être entravées. De son côté, la Préfecture de Police, qui porte la décision finale, évoque dans son courrier " des troubles particulièrement importants (qui lui) ont été signalés en liaison avec cette animation ". Quels troubles, signalés par quel(s) interlocuteur(s) ? Le SNEG a réclamé des précisions quant à la motivation de cette décision, mais les demandes de rendez-vous qui ont été formulées restent à ce jour sans réponse. Le SNEG regrette ce manque de retour de la Préfecture de Police. En revanche, on ne peut parler d’atteinte à la visibilité des établissements gays quand d’autres disposent de cette autorisation.
Le SNEG est bien sûr aux côtés de ses adhérents en oeuvrant dans le sens de la médiation. Toute négociation entre deux interlocuteurs défendant leurs positions et assumant leurs responsabilités réciproques repose de part et d’autre sur une part de concession pour asseoir au mieux en contrepartie d’autres acquis ou revendications. Puisque le SNEG dispose effectivement d’une influence, celle-ci doit profiter dans tous les domaines. En 2007, la visibilité n’est pas, ou tout au moins n’est plus, l’enjeu exclusif. Cette influence doit aussi profiter pour s’opposer aux pressions incessantes des riverains, pour composer avec des réglementations, contraintes, mises en cause en termes de responsabilité qui se multiplient et se complexifient, pour favoriser la commercialité ; elle doit profiter dans la durée, non exclusivement sur le seul soir de la Fête de la Musique ou même de la Gay Pride mais tout au long de l’année ; elle doit enfin profiter à tous, quelle que soit sa situation géographique, son succès commercial, sa valeur symbolique. Comme l’a confirmé le bureau du SNEG réuni le 23 mai après avoir reçu le Cox le même jour, l’intérêt général prime sur l’intérêt particulier, pour une inscription dans la durée et dans les dossiers de toute nature. Comme il l’a prouvé en attaquant le député Vanneste pour ses propos homophobes et injurieux, le SNEG sait exercer ses responsabilités dans la défense des intérêts et de la visibilité de la communauté LGBT.
Au-delà de la Fête de la Musique, le Cox évoque la menace d’une fermeture liée à un arrêté préfectoral qui régit la consommation d’alcool sur la voie publique et qui pourrait être appliqué à son encontre compte tenu de l’affluence parfois excessive qui fait déborder les limites de sa terrasse. Qu’en est-il au vu des informations dont vous disposez ?
Depuis décembre dernier, ont été promulgués deux arrêtés préfectoraux applicables sur un certain périmètre du 4ème arrondissement de Paris. L’un relatif à la vente d’alcool à emporter dans les épiceries, l’autre à la consommation d’alcool sur la voie publique. Leur mise en place se justifie par les constats dressés à l’été 2006 quand une recrudescence du nombre de SDF, mineurs, dealers, prostitués … pour beaucoup fortement alcoolisés, a été constatée dans l’arrondissement. Nombre de riverains, habitués et clients du quartier se sont plaints, leur présence provoquant de multiples atteintes à la sécurité des biens et des personnes. Nombre de gays ont eux-mêmes été victimes de diverses agressions. Les commerçants ont également fait état d’une atteinte au bon fonctionnement de leurs commerces. Les exploitants de débits de boissons ont eux-mêmes évoqué la dégradation du climat en terme de sécurité, ajoutant les arguments de concurrence déloyale et de mise en cause en terme de responsabilité. De fait, cette population pouvait librement se fournir en alcool dans des épiceries non assujetties à la rigidité de la réglementation des débits de boissons titulaires d’une licence : interdiction de vente aux mineurs, aux personnes en état d’ébriété… En revanche, les nuisances sonores, les rixes et autres débordements occasionnés par leur présence, par effet d’amalgames injustifiés, retombaient sur les exploitants des débits de boissons systématiquement et souvent injustement stigmatisés dans le cadre de la vie de quartier. En faisant état d’une menace de fermeture à travers l’application de ces arrêtés, le Cox pointe de lui-même le délicat problème de l’encombrement du trottoir le long de l’établissement durant quelques heures. Or, bien qu’étant un état de fait depuis des années, dénoncé par certains riverains ou associations auprès du député, de la mairie ou du commissariat d’arrondissement, de la Préfecture de Police et même au-delà, jamais le Cox n’a été sévèrement sanctionné dans ce cadre. Sans même ces arrêtés, et qui plus est depuis leur promulgation, l’ancien et l’actuel commissariat d’arrondissement, pour faire respecter leur autorité ou céder aux diverses pressions, auraient depuis des années pu sanctionner le Cox au titre de l’encombrement de son trottoir. A ce jour, et pour ce seul motif, aucune procédure de demande de fermeture n’a été entamée à l’encontre du Cox et nous nous en réjouissons. Au-delà, la notion de négociation évoquée précédemment trouve ici son illustration : accepter une concession sur une demande ponctuelle au soir de la Fête de la Musique pour que soit compris et toléré un mode de fonctionnement permanent inhérent à la situation et à la symbolique mêmes de l’établissement.
Source gay : Ellico.com