Amélie, physiquement, étiez-vous à 100% pour ce match ?
Amélie Mauresmo : Cela fait quelques semaines que je me bagarre au niveau physique et depuis quelques mois, je ne suis pas au top. Evidemment, ce n'est pas fait pour m'aider. Néanmoins, j'ai été en mesure de mener 3/0 au premier set et également au 2e. Cela étant, je n'ai pas su en tirer avantage. Je n'ai pas réussi à maintenir la pression comme j'aurais dû le faire. Le fait est que, aujourd'hui, il n'y a pas eu de miracle. Je ne savais pas vraiment où me situer, donc j'ai pris match après match. Malheureusement, j'ai démontré que, lorsque la préparation n'est pas au rendez-vous, il est difficile de gagner.
Votre blessure a-t-elle joué un rôle décisif aujourd'hui ?
Amélie Mauresmo : Non, je dis simplement que cela ne m'a pas aidé. Je pense qu'il n'y a pas eu de miracle dans l'ensemble. Je me suis un peu bagarrée au dernier match contre Nathalie. Mais j'ai toujours eu des hauts et des bas et cela fait des semaines que j'en ai. Aujourd'hui, cette défaite est le résultat de ces quelques semaines.
Plus précisément, de quelle douleur s'agit-il et quand l'avez-vous ressenti ?
Amélie Mauresmo : Elle est apparue dans le match contre Nathalie (Dechy) et puis, aujourd'hui, très tôt dans le match, au 2e jeu. Cela n'aide pas à se libérer non plus, surtout sur les démarrages, les petits ajustements, où l'on a vu que j'étais souvent en retard, même si elle, elle prend la balle assez tôt et qu'elle aime bien jouer en 2 ou 3 frappes. C'est une douleur au niveau des adducteurs, une fois encore. Je galère depuis... (pensive) On sait que c'est une zone faible, voire sensible chez moi, et la terre n'aide pas avec les grandes glissades. Et puis, il y a ce petit manque de préparation. On a paré au plus pressé, mais le corps, à un moment, a besoin de temps aussi. Ce n'était peut-être pas idéal.
Votre début de match a été plutôt très bon. Comment expliquez-vous qu'il ait basculé comme ça, tout comme au 2e set d’ailleurs. Est-ce un problème de concentration ?
Amélie Mauresmo : Non, elle a bien joué, elle a fait son match. Simplement, c'est le résultat de ce qui se passe depuis plusieurs semaines pour moi. La constance, je ne l'ai pas, que ce soit sur les matches précédents, la semaine passée à Strasbourg, ou les semaines qui ont précédé. Aujourd'hui, quand je sors du court, j'essaie de prendre un peu de recul et de me dire qu'il n'y a pas de miracle. Ces situations, ces phases d'inconstance, je les aie depuis plusieurs semaines. J'ai du mal à retrouver ce qui fait ma force et la force des toutes meilleures joueuses au monde, c'est-à-dire cette constance du premier au dernier point, de toujours mettre la pression, de jouer à son meilleur, en tout cas proche de son meilleur niveau. Voilà, je ne l'ai pas eu aujourd'hui et je ne l'ai pas depuis un moment maintenant. En tout cas, pas depuis que j'ai repris.
Cette constance qui tarde à revenir, pensiez-vous que ce serait si long ?
Amélie Mauresmo : Je ne suis pas patiente, donc pour moi, il y a vraiment de la frustration dans le fait que ce niveau de jeu, cette constance surtout, tardent à revenir. Je pensais, un peu naïvement peut-être, que cela reviendrait plus vite.
Vous avez dit à plusieurs reprises que vous ne ressentiez pas la pression car vous aviez déjà remporté deux titres du Grand Chelem. Cela étant, est-ce une grosse déception pour vous de perdre ici ?
Amélie Mauresmo : Evidemment, c'est décevant. Ca ne l'est pas autant qu'auparavant car quand je suis venue sur ce tournoi, cette année, je ne m'attendais pas à faire quoi que ce soit d'énorme. C'est dur à dire, mais c'est la réalité. La situation est différente.
Vous dîtes qu'il n'y a pas eu de miracle. On a l'impression que vous n'êtes pas si déçue que cela...
Amélie Mauresmo : Si je le suis (sur un ton ferme). Mais je ne suis pas surprise en tout cas. A un moment donné, il y a des équations très simples qui sont : on travaille, on gagne des matches, on est en confiance et on joue de mieux en mieux. Le travail a été effectué sur un certain nombre de semaines avec des hauts et des bas aussi liés au physique, à la reprise. Malheureusement, je suis donc déçue, mais pas surprise.
Quels signes peuvent vous faire penser que la constance va revenir sur gazon ?
Amélie Mauresmo : Ce sont les signes positifs, les phases durant lesquelles je prends le jeu à mon compte, où il y a du jeu, des tensions. Où il se passe quelque chose de mon côté en tout cas. Après, en termes de constance, il faut jouer. Evidemment, l'herbe tout de suite, c'est plus naturel pour moi, le jeu qui se met en place plus naturellement. J'espère aussi que cela va m'aider à ce niveau-là.
Au niveau des adducteurs, êtes-vous inquiète par rapport à l'échéance de Wimbledon ?
Amélie Mauresmo : Ce n'est jamais très agréable. J'espère que l'on va pouvoir gérer cela sur la semaine qui vient. J’espère être rétablie ou au moins proche de 100% pour Wimbledon.
Comment expliquez-vous que les deux leaders du tennis français ne sont pas en deuxième semaine à Roland Garros ?
Amélie Mauresmo : Je peux expliquer mon cas. Celui de Richard, vous en avez certainement beaucoup parlé.
Est-ce grave ou inquiétant ?
Amélie Mauresmo : En ce qui me concerne, il n'y a rien de grave, de dramatique et d'inquiétant. Il y a des choses beaucoup plus graves que cela. Il faut simplement être lucide et honnête dans les raisons, dans le pourquoi. Faire en sorte que cela ne se reproduise pas. En tout cas, essayer que cela ne se reproduise pas. Ou le moins souvent possible.
Source gay : Coming out
