Certes, il reste encore beaucoup à faire, mais les LGBT, aujourd’hui, s’entraident, se soutiennent, se mobilisent. C’est d’autant plus important qu’une chose est sûre : personne ne le fera à notre place.
Une exploration rapide des sites Internet des principales associations le prouve d’un clic, aujourd’hui les LGBT voient grand, voient large, voient ce qui se passe ailleurs. Communiqués sur la situation des homos en Pologne, messages de soutien aux militants LGBT italiens, appels aux dons internationaux pour financer la défense de détenus gay camerounais, message d’encouragement aux marcheurs homos de la Gay Pride russe… C’est une évidence le monde LGBT raisonne désormais avec la mondialisation. Une chose encore impossible, il y a quelques années ; pas par manque de volonté ou d’intérêt (quoique) mais en l’absence d’un outil révolutionnaire : Internet. C’est, en effet, cet outil qui a permis la réactivité du monde associatif, la mise en réseau des volontés militantes, le contournement de la censure des médias (les problèmes jamais traités par les journaux), comme celle des autorités. De jeunes gays sont pendus en Iran. Les images circulent dans le monde entier suscitant une vague d’indignation mondiale. Des homos sont décapités en Arabie Saoudite, la nouvelle se répand, débouchant, dans de nombreux pays occidentaux, sur des manifestations LGBT devant les ambassades du pays.
Cette avancée technologique majeure s’accompagne aussi de grandes évolutions politiques. La dislocation du bloc de l’Est (pour schématiser) et l’intégration européenne qui l’a suivie ont largement contribué à la fois à l’émancipation des personnes LGBT dans de nombreux pays, au renforcement des droits ailleurs et à l’émergence d’une volonté politique de lutter dans le monde contre toutes les discriminations. Sans ce mouvement, il y a fort à parier qu’aucun pays occidental n’aurait dénoncé, avec autant de force qu’a pu le faire l’Europe, les arrestations arbitraires d’homosexuels égyptiens sur le Queen Boat en 2001. Sans ce mouvement, il n’y aurait pas grand monde pour dénoncer les atteintes aux droits de manifestation des homos en Lettonie comme en Estonie. Désormais une instance comme le Parlement Européen se mobilise tout naturellement contre l’homophobie, comme elle l’a d’ailleurs fait en mai 2006. Désormais, des associations LGBT tentent de se faire entendre des Nations Unies. Et cinq associations LGBT nous y représentent aujourd’hui. Ces succès ont été obtenus grâce à une mobilisation militante mondiale, fruit d’une volonté solidaire de faire pression. Comme l’expliquait récemment Louis Georges Tin à propos du 17 mai : "L’homophobie est devenue un enjeu politique parce qu’on assiste à une émergence internationale des mouvements LGBT et que les communications permettent une mise en réseau."
Cette mise en commun renforce tout à la fois la solidarité et l’exemplarité — ce qui fonctionne pour les homos dans un endroit peut marcher ailleurs. En France aussi, ce mouvement existe. C’est ainsi que l’Inter-LGBT se préoccupe de l’international depuis longtemps, notamment en adhérant à un lobby important : l’ILGA Europe (1). "Notre engagement sur l’international s’est développé à l’occasion de plusieurs affaires, indique Alain Piriou, porte-parole de l’association, celle du Queen Boat ou les décapitations en Arabie Saoudite en 2002. Il y a un réel intérêt militant à travailler sur l’international. On l’a bien vu avec l’affaire Rocco Buttiglione, cet homophobe qui, sans la pression militante LGBT européenne et notre choix de mobiliser les eurodéputés notamment PS, serait devenu commissaire européen. Ces derniers mois, nous avons principalement travaillé sur la Pologne et surtout sur les arrestations d’homosexuels au Cameroun. Nous avons noué des relations avec l’association Alternatives Cameroun. Cette association travaille aussi avec une ONG américaine." "Mais attention, c’est fini les années 80. Pas question de jouer les bons petits blancs qui savent tout et de faire comme si les autres ne savaient rien. Les responsables d’Alternatives Cameroun savent travailler, savent ce qui se passe ailleurs, voyagent, utilisent Internet tout comme nous. Nous avons le même bagage. On ne peut travailler que d’égal à égal" note Alain Piriou.
Infos sur www.ilga-europe.org
Source gay : Ellico.com