Commençons par
le moment du coming-out. Les gays qui ont fait leur coming-out
à leur père l'ont fait en moyenne à
22,5 ans, une chiffre identique quand il s'agit de la
mère. Les lesbiennes ont fait en moyenne leur coming-out
à 23,2 ans pour ce qui concerne le père,
la mère étant prévenue vers 22,6
ans. Enfin, les bisexuels ont prévenu leur père
en moyenne à 19 ans et leur mère à
20,9 ans.
On
serait tenté de dire que ceux qui hésitent
franchissent le cap tardivement chez les homos et font
monter la moyenne alors que chez les bisexuels, l'hésitation
se traduit plus souvent par l'absence de coming-out ce
qui fait qu'il ne reste que ceux qui sont sortis du placard
assez jeune.
Sinon, on notera qu'il
n'y a pas de réelle différence dans le moment
choisi en moyenne par les homosexuels pour sortir du placard
(filles ou garçon, envers le père ou la
mère).
D'autres chiffres : les
gays qui sortent du placard avant leur majorité
sont 18% (pour le père) et 16% (pour la mère).
Les lesbiennes mineures qui font leur coming-out sont
13% avec le père (15% avec la mère). Par
contre, ceux qui passent le cap après 30 ans sont
entre 8 et 9% chez les gays (entre 5 et 6% pour les lesbiennes).
Autre
chose importante, la réaction des parents face
à l'annonce. On s'intéressera aux différences
entre réaction du père et de la mère,
différence entre gays et lesbiennes et à
l'évolution des réactions avec le temps.
On commence par les gays.
Les répondants avaient le choix de définir
la réaction du père après l'annonce
: très négative, négative, neutre,
positive, très positive. Ainsi, 43% ont une attitude
positive (26%) ou très positive (17%) mais 29%
d'entre eux ont une attitude négative (12%) ou
très négative (17%). Le petit tiers restant
est neutre au départ.
Si l'on note de -2 à
+2 ces cinq choix (-2 pour très négatif),
on obtiendrait une note de 0,14. En moyenne, l'attitude
est donc neutre.
La réaction des
mères est au même niveau (une note de 0,15
en moyenne) et surtout plus contrastée. Les neutres
ne sont que 22% (contre 29% pour les pères), les
positives ou très positives sont 45% (+2 par rapport
aux pères) et les négatives ou très
négatives sont 33% (+4 par rapport aux pères).
Rappelons
qu'il s'agit ici de la réaction des parents dont
les enfants ont décidé de faire leur coming-out.
Il y a fort à parier que les parents dont l'enfant
a choisi de ne pas leur dire font partie des plus négatifs
face à cette question et que si nous les avions
interrogés, ils auraient fait baisser la note générale.
On notera aussi que l'attitude face au coming-out n'est
pas une décision du couple puisque dans seulement
35% des cas, les parents ont la même attitude. dans
36% des cas la mère a une attitude plus clémente
et dans 29% des cas le père est plus clément.
Reste à savoir
comment les choses ont évolué par la suite.
On demandait aux répondants de qualifier l'attitude
de leur parents face à leur homosexualité
en ce moment.
Avec le temps, elle s'est
globalement améliorée. Le score est de 0,72
pour les pères (plutôt positif donc en moyenne)
et de 0,97 pour les mères (positif en moyenne).
Les pères ne sont plus que 10% a avoir une attitude
négative et les mères 9%. Les positifs sont
54% chez les pères et 68% chez les mères.
Mieux les ultra-positifs sont 32% chez les pères
et de 40% chez les mères.
Devant
ce tableau idyllique d'une attitude neutre qui devient
bienveillante avec le temps, un petit bémol : les
répondants sont des gens qui ont répondu
par ordinateur. Je suis conscient que ce sont surtout
des citadins (mais pas uniquement) et que la proportion
des gays en pleine campagne doit être sous-représentée.
Ce tableau n'est donc probablement représentatif
que d'une certaine réalité. La position
des pères s'est améliorée dans 50%
des cas, est restée la même dans 36% et s'est
aggravée dans 24% des cas. Chez les mères,la
situation s'est aggravée dans seulement 5% des
cas et s'est améliorée dans 57% des cas.
La situation des lesbiennes
apparait comme un peut différente.
Au départ, les
parents paraissent un peu mieux disposés à
accepter la sexualité de leur fille. Le score des
pères est de 0,22 pour les pères et de 0,18
pour les mères. 30% des pères et des mères
ont une attitude plutôt ou très négative
tandis que 47% des pères ont une attitude plutôt
ou très positive (52% pour les mères). Ces
scores étaient nettement moins flatteurs chez les
gays. On notera que la décision est plus homogène
dans le couple : 46% des couples sont composés
de parents ayant la même attitude, 32% des couples
sont composés de pères plus cléments,
et surtout seuls 22% des couples sont composés
de mères plus clémentes. C'est nettement
moins que chez les gays.
Et puis bizarrement, partis
de plus hauts, ces résultats progressent moins
fortement avec le temps que chez les gays. Ainsi, le score
est aujourd'hui de 0,43 pour les pères et de 0,67
pour les mères. L'attitude des pères progresse
dans 44% des cas, celle des mères dans 52% ces
cas, deux scores inférieurs à celui des
parents de gays.
L'homosexualité
masculine a l'air d'être moins tolérée
que l'homosexualité féminine, en tout cas
au départ. Les mères n'ont pas l'air d'être
plus indulgentes que les pères au départ
mais semblent plus compréhensibles avec le temps
que leur mari.
On notera que les lesbiennes
étant plus jeunes de trois ans dans le sondage
que nos amis gays, la durée entre aujourd'hui et
le coming-out est plus faible et donc l'évolution
d'attitude des parents minorée par cette faible
durée.
En
effet, chez les gays, les gains d'au moins 2 points dans
la position du père (de très négatif
à neutre ou de négatif à positif
ou de neutre à très positif par exemple)
représentent 7% des cas quand la durée est
inférieure à 2 ans entre aujourd'hui et
le coming-out. Ce pourcentage passe à 18% quand
la durée entre aujourd'hui et le coming-out se
situe entre 2 et 4 ans et à 30% quand le délai
est supérieur à 4 ans. On retrouve une situation
identique pour la mère (30% ont une position en
hausse de 2 points quand la durée est supérieure
à 4 ans mais seulement 6% quand la durée
est inférieure à 2 ans).
Plus
le temps passe, plus la situation a des chances de s'améliorer
de façon significative. Logique et rassurant !
Nous
n'avons pas parlé de nos amis bisexuels. L'attitude
des parents apparait comme neutre (score de 0 chez les
pères et les mères) au départ et
passe à 0,7 chez les pères et à 0,44
chez les mères aujourd'hui.
Enfin, on n'oublira pas
que certains parents ont appris le nouvelle par quelqu'un
d'autre (souvent l'autre parent semble-t-il). Et bien
sans surprise, la réaction est plus négative
avec, chez les gays, un score de -0,62 chez les pères
et de -0,36 chez les mères. Chez les lesbiennes,
les scores sont également très négatifs
(père et mère) même si le peu de réponses
empêche une mesure significative.
On
se posera ici une question : est-ce parce que les parents
l'ont appris par quelqu'un d'autre que la réaction
est plus négative (déception supplémentaire
face au manque de confiance de leur enfant) ou bien est-ce
parce que la réaction était attendue comme
négative que les enfants ont choisi de laisser
faire un autre ? Le questionnaire ne permet pas d'y répondre
...
Autres question : pourquoi
l'avoir dit ?
Massivement, les gays
ont répondu qu'ils l'ont dit à leur père
pour clarifier la situation (47%). A 19%, c'était
pour ne rien lui cacher ou ne pas mentir. Puis le cas
du petit ami à présenter intervient dans
12% des cas et pour répondre à une question
sur sa sexualité dans 6% des cas.
Notons que "éviter
qu'il l'apprenne par quelqu'un d'autre" ne recueille
que 3% des réponses, "pour l'embêter"
2% et "en réponse à un acte ou propos
homophobe" que 1,5% !
Les raisons de le dire
à la mère diffèrent quelque peu :
clarifier la situation est toujours en tête mais
avec un score inférieur (39%) au profit de la volonté
de ne rien cacher ou de ne pas mentir (28%). La présentation
du petit ami ne représente plus que 9% et la réponse
à la question sur la sexualité 8% (les mères
sont plus curieuses avec leur fils ?). Le reste est semblable
aux pères.
On
notera que les raisons sont assez différentes selon
le moment du coming-out. Logiquement, ceux qui l'ont fait
après 24 ans répondent massivement (à
plus de 60%) "pour clarifier la situation".
Les plus jeunes répondent "pour éviter
de mentir" (28% de ceux qui ont fait leur coming-out
encore mineurs), pour répondre à une question
sur leur sexualité (10%) ou présenter un
petit ami (16% des mineurs). Il est clair que ceux qui
font leur coming-out après 25 ans ont - de fait
- choisi l'option de mentir à certaines questions
et de cacher les petis amis au moins pendant un temps
!!!
Les réponses des
lesbiennes par rapport au père favorisent la clarification
de la situation (55%) et le fait de ne pas mentir (26%).
La réponse à une question sur leur sexualité
atteint 10%. Le reste est marginal. Tout comme les gays,
les lesbiennes clarifient la situation avec leur mère
mais avec un niveau plus faible (46%) au profit du fait
de ne pas lui mentir (33%). Décidemment, le père
on s'en fout de lui mentir, par contre la mère
... A 7%, la réponse sur la sexualité se
fait doubler par la présentation de la petite amie
(9% des cas alors que cette réponse était
insignifiante avec les pères).
Les
différences par âge ne sont pas exploitables
(désolé !).
Difficile d'exploiter
les réponses des bisexuels envers le père
mais la clarification de la situation arrive en tête
devant le fait de ne pas mentir et la présentation
d'un (ou une) petit(e) ami(e). Pour les mères,
même phénomène qu'avec les homos :
clarifier la situation arrive en tête mais le fait
de ne pas mentir est plus fort qu'avec le père.
Enfin,
dernière question sur ce coming-out parental (ouf
!). Que comptent faire ceux dont les parents n'ont pas
eu le droit à un coming-out ou à un outing
(plus ou moins organisé rappelons-le). Nous avons
retiré les cas où la question était
sans objet (père ou mère décédé(e)
par exemple).
Les gays veulent le dire
dans 48% des cas à leur père (8% se fixent
l'année pour le dire, 40% n'ont pas prévu
de délai). 3% préfèrent qu'il l'apprenne
par quelqu'un d'autre et seulement 31% préfèrent
qu'il ne le sache pas. 18% ne savent pas, ce qui en soit
est une réponse.
La majorité est
atteinte avec les mères puisque 11% veulent lui
dire dans l'année et 42% veulent lui dire sans
se fixer de calendrier. 2% préfèrent qu'elle
l'apprenne par quelqu'un d'autre et seulement 29% préfèrent
qu'elle ne sache pas. 19% ne savent toujours pas.
Rappelons
que la moitié des pères étaient au
courant soit par coming-out, soit par outing. 50% de la
moitié restante devrait donc savoir dans quelques
temps.
Avec les lesbiennes, l'indécision
est plus grande. 32% ne savent pas ce qu'elles vont faire
avec leur père (24% avec la mère). 24% préfèrent
qu'il ne le sache pas ou qu'il l'apprenne par quelqu'un
d'autre. Enfin, dans 44% pour les pères et 52%
pour les mères (chiffres comparables aux gays),
elles veulent lui dire mais sans se fixer de délai.
Enfin, nos amis bisexuels
étaient ceux qui faisaient le moins leur coming-out
et la chose n'est pas prête de changer. A 64% pour
le père et 65% pour la mère, ils ne veulent
pas que leurs parents l'apprennent. L'indécision
est assez faible (13% et 9%) et seuls 23% veulent le dire
(sans calendrier) à l'avenir.
La
volonté des bisexuels de cacher leur orientation
est donc confirmée ici. Seuls un petit quart a
l'air décidé à franchir l'obstacle.