Parcours
Après
avoir rencontré un impressionnant succès avec son premier
45 tours, Hervé Vilard est parvenu à rester depuis quatre
décennies un artiste populaire, soutenu par un public
fidèle pour lequel il n'a jamais cessé d'enregistrer.
René
Villard est né le 24 juillet 1946 à Paris. Sa maman
Blanche accouche dans un taxi, en route pour la maternité.
Il ne connaîtra jamais son père, corse. Son enfance est
difficile. Blanche exerce divers petits travaux pour élever
ses enfants mais à la fin des années 40, sur
dénonciation, ses enfants lui sont retirés. Séparé de
ses frères et soeurs, René/Hervé est envoyé dans un
premier temps à l'orphelinat Saint-Vincent-de-Paul à
Paris, puis l'enfant trouve la paix chez un couple de
métayers dans le Berry, mais multiplie ensuite les
placements en famille d'accueil, entrecoupés de fugues. À
la fin des années 50, dans l'Indre, à La Celette, il
rencontre l'abbé Angrand, qui lui enseigne la littérature
et la musique. En 1991, le chanteur rachètera le
presbytère de La Celette pour s'y installer.
"Capri,
c'est fini"
Encore adolescent, le jeune René/Hervé décide de tenter
sa chance à Paris. Daniel Cordier, ancien résistant,
secrétaire de Jean Moulin et alors galeriste, se prend
d'affection pour ce jeune homme passionné mais qui traverse
une période difficile et semble un peu perdu. En 1962, il
devient son tuteur légal, ce qui permet à René/Hervé de
quitter l'assistance publique et d'être engagé chez un
disquaire des Champs-Élysées. Il prend également des
cours de chant avant d'être repéré par un directeur
artistique du label Mercury. Il devient alors Hervé Vilard.
En
juin 1965 sort son premier 45 tours, "Capri c'est
fini", qu'il co-signe avec Marcel Hurten. Le succès
est immédiat, la chanson se vend à 3,3 millions
exemplaires dans le monde. Hervé Vilard devient une immense
vedette du jour au lendemain. Un journaliste français
retrouve alors la trace de Blanche et organise de très
médiatiques retrouvailles entre le jeune homme et sa mère.
D'autres
45 tours suivent : "Fais-la rire", "Mourir ou
vivre", "Pedro". Mais aucun ne connaît le
même succès que "Capri". En novembre 1965, le
chanteur qui a à peine dix-neuf ans effectue sa première
tournée avec Claude François. En 1966, on le voit sur les
scènes espagnoles, allemandes, turques… Son tout premier
33 tours est édité dans une double version française et
européenne. Il en vend 450.000. Très vite, sa carrière se
déplace à l'étranger. À tel point que qu'il entame à
partir de 1967 une tournée de deux ans en Amérique latine
où il est, depuis cette époque, un chanteur très
apprécié. Il y chantera parfois dans des stades devant
250.000 personnes.
1969-1979
: de "Sayonara" à "Nous"
Hervé Vilard revient en France en 1969 avec un tube, "Sayonara"
(550.000 ventes). Dans l'Hexagone, entre 1970 et 1978, il
sort une trentaine de 45 tours et une dizaine de 33 tours,
essentiellement des compilations, dont une grande partie
sous le label Tréma. Mais c'est en Amérique latine qu'il a
le plus de succès à cette époque. Il s'installe à Buenos
Aires en 1970. Au Mexique, où il a signé en 1966 un
contrat de dix ans, sortent pendant cette période sept
albums et une vingtaine de 45 tours. Son palmarès est
similaire au Chili. Il est également une vedette en Corée,
en Turquie, au Japon ou en Colombie.
Hervé
Vilard retrouve la popularité en France en 1978 avec le 45
tours "Nous", dont les ventes atteignent le
chiffre impressionnant de 2 millions d'exemplaires. À 36
ans, il entame de nouvelles tournées françaises, donne de
multiples galas. Le 31 décembre 1979, il passe pour la
première fois en vedette à l'Olympia où il reste jusqu'au
6 janvier. Avec une formule encore classique (des numéros
et attractions en première partie), il obtient un vrai
triomphe. Un album live sort en mars 1980.
De
ce jour, Hervé Vilard ne quittera plus guère la France et
le nombre de ses concerts au cours des années 80 prouve sa
popularité. En juin 1980, sort le 45 tours
"Reviens", tube de l'été, qui se vend à près
d'un million d'exemplaires. Le chanteur retrouve l'Olympia
en janvier 1981 et en septembre 1982. En 1983, est publié
l'album "Ensemble", puis "Les Chansons que
j'aime" l'année suivante et "P'tit brun" en
1986. Il est alors très présent dans les médias et ne
cesse de chanter dans tout le pays.
Sa
maman Blanche décède en 1981.
1990-2004
: de "L'Amour défendu" aux poètes
En 1990, sort l'album "L'Amour défendu". Les 15
et 16 mai 1991, il participe à l'Olympia à deux soirées
consacrées aux années 60. C'est le Théâtre des
Variétés à Paris, dirigé par Jean-Paul Belmondo, qui
accueille Hervé Vilard du 9 au 19 janvier 1992. L'acteur
lui remet à cette occasion l'Ordre national du mérite. Son
nouvel Olympia en 1996 est célébré par les médias et le
public. L'année suivante, il participe à un hommage à la
mythique salle parisienne à la veille de sa destruction.
Parallèlement aux grandes dates parisiennes, il continue de
donner des galas en province ponctués parfois de rencontres
avec des associations ou des orphelinats.
Du
26 février au 8 mars 1998, Hervé Vilard s'installe au
Cirque d'Hiver. Quelques jours avant, sort
"Simplement", son nouveau CD. Les galas continuent
de plus belle, en particulier les tournées d'été. Il est
invité par les communes mais aussi par les radios locales.
En août 2002, à Liévin dans le nord de la France, il
partage l'affiche d'un gala consacré aux années 80 avec
Patrick Juvet, Rose Laurens, Dave, Jean-Pierre Mader ou
Plastic Bertrand.
L'année
2004 est riche en événements pour le chanteur. Il inaugure
en janvier une salle à son nom dans la région de son
enfance, le Berry. En février sort le CD "Cri du coeur"
dans lequel il aborde un nouveau répertoire avec des textes
de Marguerite Duras ("India Song"), Bernard Dimey,
Aragon ("Les Yeux d'Elsa"), Maurice Fanon, Brecht
et Weil ("Alabama Song"), Pablo Neruda ("Cuerpo
de mujer") ou Jean Genet ("Le Condamné à
mort"). Du 3 février au 21 mars, il présente ce
disque au Théâtre de Dix Heures. Ce changement radical
dans une carrière étiquetée "variété
française" est pourtant révélateur de ce qu'est
réellement Hervé Vilard : un homme cultivé, enfermé dans
une notoriété précoce mais amateur d'art, de lettres, ami
de Marguerite Duras ou de Delphine Seyrig. Cela lui donne
l'occasion de participer à de nombreuses émissions
télévisées, d'apparaître dans des journaux qui l'avaient
jusque-là ignoré ("Libération") et d'être
invité au festival des Francofolies de La Rochelle en
juillet.
(rfi
musique)
Homosexualité
«Je
n'ai pas voulu faire un livre de ragots mal écrits»
Hervé
Vilard raconte son enfance, ballottée d'orphelinats en
familles d'accueil, dans un livre poignant et juste
La
mode est aux autobiographies. Celle d'Hervé Vilard sort
pourtant du lot. Par sa qualité d'écriture, qui révèle
un auteur qu'on ne soupçonnait pas. Mais aussi par le
récit poignant de cette enfance déchirée, celle d'un
garçon séparé de sa mère, puis ballotté d'orphelinats
en familles d'accueil, avant de passer par les maisons de
correction. Et pourtant, le petit René Vilard (c'est son
vrai prénom), matricule 764 aux yeux de l'assistance
publique, s'en sortira pour devenir l'auteur de Capri c'est
fini. La mèche qui retombe sur le front, Hervé Vilard a
désormais 60 ans. Il était hier à Bruxelles pour parler
de son livre, L'âme seule. Tout en évoquant la Belgique
qu'il aime (il possède un terrain à Bruges), il replonge
dans son enfance. Et parle avec les mots qui viennent du
coeur.
Pourquoi, à 60 ans, avoir décidé de vous mettre à nu en
couchant sur papier toute votre jeunesse?
«Je ne me suis pas mis à nu. Ce n'est pas un livre de
ragots mal écrits, ce que j'appelle des peopleries. Je me
suis servi de mon histoire d'orphelin pour raconter un
récit, comme le font la plupart des auteurs, avec un souci
de la langue française. Sinon, je me serais contenté
d'écrire un bouquin dicté sur cassette avec un
journaliste.»
Pourquoi maintenant?
«Parce qu'il était temps. J'ai fait un livre pour les
vivants car je suis moi-même vivant. Je ne voulais pas
attendre qu'on le fasse à ma place car je suis mort.»
L'ombre de votre mère plane sur tout le livre. Enfant, on
vous dit qu'elle est morte. Mais lorsque vous découvrez
qu'elle est vivante, on vous prévient: si vous la
rencontrez, c'est la maison de correction!
«C'est l'époque où les campagnes étaient en train
d'être désertées en France. Plus personne ne voulait
travailler la terre. La République se chargeait
d'encourager les filles mères à abandonner leurs enfants
pour repeupler les campagnes et en faire de nouveaux
paysans. Ma mère n'avait pas signé la charte d'abandon, si
bien qu'à chaque fois qu'elle situait où je me trouvais,
on me changeait de famille. J'ai eu 7 familles d'accueil
différentes!»
Vous retrouvez finalement votre mère dans un petit hôtel
alors que vous êtes déjà célèbre. Au moment de la
prendre dans vos bras, les paparazzi surgissent des
armoires. Pourtant, vous ne consacrez qu'une page, la
dernière du livre, à ces retrouvailles...
«Ça mériterait un autre livre. J'y pense, mais ce ne sera
pas le suivant. Je suis d'abord en train d'en écrire un
autre.»
Lorsque vous arrivez à Pigalle, vous finissez par poser nu
pour un pervers...
«Je l'ai fait pour survivre. Quand on a faim, on peut se
prostituer. J'ai des camarades qui l'ont fait. Moi, j'ai
posé nu. Mais je ne l'ai jamais refait.»
Le tournant de votre vie, c'est la rencontre, à 15 ans,
avec Daniel Cordier, ancien secrétaire personnel de Jean
Moulin, qui vous prend sous son aile et devient le père que
vous n'avez jamais eu. Que seriez-vous devenu sans lui?
«Je serais peut-être délinquant, comme d'anciens
camarades d'orphelinat qui sont restés de simples voyous.
Mais peut-être que je serais aussi un père de famille qui
ne se sort pas de ses histoires d'orphelinat, alors que moi
je m'en suis très bien sorti.»
Dalida est omniprésente dans le livre...
«Le premier courrier que j'ai reçu de ma vie, c'est la
photo dédicacée de Dalida. Par ce petit mot, l'ado que je
suis s'attache à elle. C'est la première fois que je
reçois une lettre. Plus tard, elle a été ma marraine. Je
l'ai même enterrée. À sa mort, j'étais à bord du
fourgon mortuaire.»
Vous
évoquez votre homosexualité dans le livre. Dans les
années 60, vous deviez la cacher?
«J'ai été le premier chanteur à révéler mon
homosexualité. C'était en 66, chez Jacques Chancel. Je
peux vous dire que ça m'a porté préjudice, notamment
auprès de producteurs de télévision. Mais le public m'a
suivi. J'ai eu toutes les gentilles mères de famille du
monde derrière moi!»
Aujourd'hui, on est plutôt dans l'excès inverse: c'est
presque devenu à la mode de dire qu'on est gay!
«C'est épouvantable. Il faudrait un petit peu plus de
pudeur et de dignité. Pour moi, la Gay Pride, c'est
pitoyable. C'est un assassinat d'une communauté en direct.
C'est comme si on mettait les gays dans des camps. On les
parque. C'est trop caricatural.»
Qui aimez-vous dans la chanson française aujourd'hui?
«Comme tout le monde, je citerais Bénabar. Il fait de la
chanson populaire, mais peut-être mieux écrit car il est
allé à l'université.»
(la
dernière heure)

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