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William Burroughs

(né à Saint Louis, Missouri, en 1914 / décédé en 1997).

Romancier américain

Parcours

Le premier roman de Burroughs, The Naked Lunch (trad. fr., le Festin nu, 1959), une fiction cauchemardesque fondée sur les effets de la toxicomanie, a été considéré à la fois comme génial et démoniaque, pour cause d'immoralité. ... C'est en tout cas devenu un véritable classique, assurant à son auteur une place de choix dans la littérature américaine contemporaine.

Petit-fils de William Seward Burroughs (1857-1898), l'inventeur de la machine «comptable-enregistreuse» qui porte son nom, Burroughs sortit diplômé du Harvard College en 1936. Il sombra ensuite dans la délinquance et la toxicomanie pendant de longues années, avant de se faire désintoxiquer à l'âge de quarante-cinq ans. Son premier livre, Junkie: Confessions of an Unredeemed Drug Addict (Junkie, 1953), publié sous le pseudonyme de William Lee, relate cette expérience. La version non expurgée, Junky (trad. fr., le Camé), ne fut publiée qu'en 1977.

Burrougs, qui fit la connaissance d'Allen Ginsberg et de Jack Kerouac à New York en 1943, devint un des «prophètes» de la Beat generation; il a écrit des pièces de théâtre (dont The Last Words of Dutch Schultz en 1970), des poèmes (The Third Mind en 1970) et des romans, notamment une sorte de trilogie: The Soft Machine (trad. fr. la Machine molle, 1961), The Ticket That Exploded (trad. fr. le Ticket qui explosa, 1962), et Nova Express (1964).

Le très autobiographique Queer, récit d'un amour frustré, rédigé en 1952-1953, ne fut publié qu'en 1985.

Dans les années 1960 et 1970, Burroughs expérimenta une nouvelle approche de la fiction: le montage-collage. Il mit au point les techniques de cut-up (découpage) et du fold-in (pliage): il s'agit de découper des textes et de les réécrire après avoir mélangé les morceaux, ou bien de plier des pages sur elles-mêmes, afin d'obtenir des combinaisons de mots intéressantes: The Wild Boys (trad. fr. les Garçons sauvages, 1971), White Subway (trad. fr. le Métro blanc, 1973), Cities of the Red Night (les Cités de la nuit écarlate, 1981), The Place of Dead Roads (Parages des voies mortes, 1983). Il a également publié The Cat Inside (1986), The Western Lands (trad. fr. les Terres occidentales, 1987), Interzone (1988), Ghost of Chance (1991), My Education: A Book of Dreams (1994).

Burroughs, qui a publié sa correspondance avec A.Ginsberg (The Yate Letters, 1963; Letters of William S. Burroughs, 1945-1959, 1993), s'est également illustré dans la peinture, la photographie, la sculpture, exposant à New York et en Europe. Ces expériences lui firent toutefois déclarer que «l'enfer de la peinture n'est rien face à celui de l'écriture...».

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Homosexualité

article de Tétu

De Jean Genet, il avait dit qu'il était le meilleur écrivain français vivant. Pédé, camé, assassin par inadvertance, précurseur malgré lui de la scène rock américaine indépendante, il avait été le fondateur de la beat generation et avait fini par chanter avec Laurie Anderson. Celui pour qui le "langage était un virus" est mort le 2 août à quatre-vingt-trois ans. Autopsie.

C'est triste à dire, mais William Burroughs n'aura pas eu une mort à la hauteur de sa réputation. On imaginait plus sûrement celui qui a glorifié le cocktail sexe et drogues à travers ses livres, victime d'overdose ou assassiné par un gigolo dans un bordel d'Amérique du Sud. Non, Burroughs aura succombé à la mort préférée de millions d'Américains engraissés au hamburger-milk-shake : la crise cardiaque. Nul doute alors que sa mort s'inscrit dans la lignée de la conspiration étatique qu'il n'avait de cesse - paranoïa grandissante - de dénoncer.  

C'est en 1943 à New York qu'il rencontre ceux dont le rôle sera fondamental pour la suite de sa carrière, et qui déclencheront chez lui le réflexe d'écriture : Jack Kerouac, qui deviendra le leader emblématique de la beat generation avec «Sur la route», Allen Ginsberg le poète gay (mort il y a quelques mois), et le toxico illuminé Herbert Huncke. Ensemble, ils lisent les maudits de la littérature, refont le monde et prennent de l'héroïne. Beaucoup. Exilé au Mexique à la suite d'ennuis avec la police américaine, Burroughs, ivre mort, tue accidentellement sa femme lors d'une partie de tir façon Guillaume Tell. Cet incident stupide est le déclic. Expulsé, il se jette dans l'écriture. «Junkie», sur ses propres déboires de toxico, fait scandale. Les livres suivants - «Le Festin nu», «Les Garçons sauvages», la trilogie «Machine molle-Nova Express-Ticket qui explosa», «Queer» (écrit en fait avant «Junkie») - établissent progressivement les thèmes ressassés à l'extrême dans son oeuvre : le complot mondial, la technologie aliénatrice, le sexe et la drogue. Initiateur avec Ginsberg du cut-up, procédé littéraire qui consiste à mélanger aléatoirement des fragments de texte de son cru à des morceaux d'autres livres, il pose les bases de son style, sec et dépouillé, anguleux et répétitif jusqu'à l'obsession, qui dynamite les conventions narratives de la littérature traditionnelle et pose les bases sur lesquelles s'appuiera la jeune littérature américaine à partir des années 80 - et un certain nombre d'autres, mais avec nettement moins de bonheur.

Symbole avec Kerouac et Ginsberg de la contre-culture américaine, il a été habilement et essentiellement récupéré par le rock'n'roll pour le meilleur comme pour le pire, de David Bowie à Laurie Anderson - qui fera sienne comme un leitmotiv la théorie chère à Burroughs : language is a virus, et l'invitera à chanter sur «Home Of The Brave» et à valser dans le show du même nom. Aujourd'hui, la littérature de Burroughs, débarrassée de son halo collant et maudit drogues-et-sexe, mérite mieux, un peu comme celle de Rimbaud, que le statut de littérature pour jeune révolté fumeur de joints en transit à Amsterdam. Parce que l'écriture de Burroughs est bien plus complexe qu'elle ne le laisse croire et bourrée d'inventions stylistiques qui ne sont pas sans évoquer le langage cinématographique.

Le plus étonnant pourtant, alors que les médias préfèrent s'intéresser à son passé de junkie, reste la place occupée dans son oeuvre par une homosexualité directe et violente, profondément organique et viscérale, pas militante pour un sou, se moquant des conventions, ne se justifiant par aucun discours pontifiant, acquise d'emblée et loin d'un prosélytisme théorisant.

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