Parcours
Né
avec le Siècle d'or, Cervantès a jeté
les bases du roman moderne et créé un personnage
universellement connu, le grotesque et attachant Don Quichotte
de la Manche, mais a aussi contribué au renouvellement
du théâtre et de la poésie à
travers une œuvre abondante et inventive. Cet aventurier
des lettres transgresse les conventions et renouvelle les
genres, recherchant toujours des formes inédites.
Une
vie semée d'aventures
Miguel
de Cervantes Saavedra naît près de Madrid,
à Alcalá de Henares. Son père, modeste
chirurgien barbier, connaît des déboires financiers
qui l'obligent à changer souvent de résidence:
Valladolid, l'Andalousie, puis Madrid. Malgré la
situation souvent précaire de sa famille, Miguel
aurait reçu une bonne éducation.
Campagnes
méditerranéennes
Il
s'intéresse bientôt au théâtre
et à la poésie. En 1569 – peut-être
en raison d'un duel qui aurait mal tourné –, Cervantès
suit à Rome le cardinal italien Acquaviva, légat
du pape en Espagne, qui le prend à son service comme
camérier. Il quittera le prélat en 1570 pour
s'enrôler dans l'armée des coalisés
chrétiens (la Sainte Ligue) qui, conduits par don
Juan d'Autriche, tente d'arrêter l'expansion des Turcs
en Méditerranée. Cervantès participe
ainsi à la bataille de Lépante (1571), où
la flotte ottomane est défaite. Il y reçoit
plusieurs blessures, et perd notamment l'usage de la main
gauche. Le «Manchot de Lépante» prend part
ensuite à d'autres campagnes en Méditerranée
orientale et, pendant le répit de l'hiver, visite
l'Italie.
Prisonnier
des Barbaresques
En
1575, Cervantès rentre en Espagne sur la galère
El Sol. Mais les Barbaresques s'en emparent au large des
Saintes-Maries-de-la-Mer. Commence alors une captivité
de près de cinq années, à Alger. En
attendant la rançon exigée pour sa libération,
l'«esclave de rachat» Cervantès se trouve
confronté à la société barbaresque,
qu'il dépeindra plus tard dans ses œuvres, et commence
à écrire la Galatée. Plusieurs tentatives
d'évasion manquées ne font qu'aggraver sa
situation. Le 19 septembre 1580, il est embarqué
sans espoir de retour avec son maître Hassan Pacha,
en partance pour Constantinople avec tous ses esclaves.
C'est alors que des Pères trinitaires chargés
de racheter les captifs obtiennent in extremis sa libération
contre une somme de 500 écus, dont 280 ont été
réunis par sa mère.
Le
commissionnaire Cervantès
De
retour dans sa patrie, Cervantès, tout en cherchant
des moyens d'existence, achève la première
partie de la Galatée, et écrit le Voyage au
Parnasse. D'une liaison avec une comédienne, Ana
Franca de Rojas, naît une fille, en 1584. La même
année, il épouse Catalina de Palacios y Vozmediano,
âgée de dix-neuf ans; sa mère est à
la tête d'un appréciable patrimoine réparti
à Tolède et à Esquivias, où
s'installe le couple.
En
1587, Philippe II, qui projette une invasion de l'Angleterre,
arme son «Invincible Armada». Chargé d'approvisionner
galères et équipages, Cervantès se
lance sur les chemins d'Andalousie, en butte à l'animosité
des propriétaires et des paysans, peu désireux
de voir saisir une partie de leur récolte sans véritable
garantie de paiement. Le commissionnaire Cervantès,
lui-même mal payé, s'expose à de graves
inconvénients: accusé d'exactions, il est
arrêté et excommunié. Il connaîtra
à plusieurs reprises les geôles espagnoles,
dont la très redoutable prison de Séville,
en 1597.
Succès
littéraires
Cervantès
consacre sans doute les seize dernières années
de sa vie essentiellement à l'écriture: il
suit parfois la cour de Philippe III et bénéficie
de puissantes protections (duc de Lerma, comte de Lemos).
En janvier 1605 paraît la première partie de
Don Quichotte, qui connaît d'emblée un succès
foudroyant. Fort de sa soudaine renommée, Cervantès
s'emploie à publier des textes parfois anciens, qu'il
remanie: les douze récits réunis dans le recueil
des Nouvelles exemplaires (1613); le Voyage au Parnasse
(1614); les Huit Comédies et Huit Intermèdes
nouveaux (1615), qui attestent un talent de dramaturge méconnu
par ses contemporains. En 1615, il donne une suite à
son Don Quichotte, piqué par la publication d'une
contrefaçon signée du pseudonyme d'Avellaneda.
Enfin, alors que, victime d'une crise d'hydropisie, il a
reçu l'extrême-onction, Cervantès rédige
la préface de son dernier livre, les Travaux de Persilès
et Sigismonde. Il s'éteint deux jours plus tard,
le 23 avril 1616, à Madrid.
D'un
genre à l'autre
Les
premières œuvres connues du jeune Cervantès
sont des poèmes de circonstance, pour la plupart
inspirés par des événements survenus
à la cour: naissance d'une infante, mort de la reine
Élisabeth de Valois. Il s'y montre un rimeur habile,
dans le goût de son temps.
La
Galatée
Dans
la Galatée (1585), il s'essaie au genre pastoral,
narrant les amours contrariées de bergers de convention.
Il y alterne vers et prose et rompt la linéarité
du plan général en y interpolant des nouvelles.
Certaines descriptions se rapprochent du réalisme:
le comportement de la belle Galatée, qui repousse
tous ses soupirants, témoigne d'un désir de
liberté qui annonce déjà la problématique
amoureuse des œuvres futures de l'auteur; on n'y utilise
pas le merveilleux pour dénouer des situations inextricables.
Tout en respectant les lois contraignantes du genre, l'écrivain
crée sa propre fiction.
Le
Voyage au Parnasse
Dans
le Voyage au Parnasse, Cervantès rapporte en tercets,
sur un ton burlesque, son ascension du mont Parnasse et
sa comparution devant Apollon et les Muses. Ce périple,
que le narrateur effectue en compagnie d'une foule de rimailleurs
– contemporains auxquels l'auteur rend hommage, tout en
revendiquant sa place parmi eux –, n'est qu'un rêve
au terme duquel le poète retrouve son lugubre logis.
Nouvelles
exemplaires
Les
douze Nouvelles exemplaires témoignent en grande
partie de la même inspiration. Composées à
des époques diverses, au gré des séjours
de l'auteur en Andalousie, elles constituent la première
tentative d'adaptation de la nouvelle italienne en Espagne.
À partir de motifs traditionnels sur le thème
de l'amour et du mariage, Cervantès révèle
l'humanité de ses personnages à travers un
récit dégagé des conventions. Il s'ingénie
à retracer l'expérience de ses héros
et privilégie le regard qu'ils portent sur les choses
et les événements, faisant de ces contes une
mise en garde contre les fausses apparences.
Les
Travaux de Persilès et Sigismonde
La
dernière œuvre de Cervantès, inachevée
et publiée après sa mort, les Travaux de Persilès
et Sigismonde, s'inscrit dans la tradition du roman de chevalerie.
L'intrigue, située dans les mers nordiques puis dans
les pays du sud de l'Europe, met en scène le pèlerinage
à Rome de deux amants qui, se faisant passer pour
frère et sœur, résistent à toutes les
tentations qu'ils rencontrent. Cette œuvre témoigne
de la maturité de l'auteur: à de surprenantes
descriptions des paysages boréaux, la narration,
d'une grande complexité, mêle les récits
de différents personnages, qui effectuent d'incessants
retours en arrière et intercalent des épisodes
annexes dans le récit principal.
Le
théâtre
Cervantès
affirme avoir écrit une trentaine de pièces
de théâtre. Parmi celles-ci, seules deux nous
sont parvenues: la Vie à Alger et Numance. La première
retrace les amours contrariées de deux esclaves chrétiens
sollicités par leurs maîtres respectifs. L'originalité
de cette pièce réside dans ses allusions à
l'actualité et dans ses références
à l'expérience vécue par le dramaturge
pendant sa propre captivité. On peut y voir un appel
au roi d'Espagne à lancer une opération d'envergure
contre les corsaires barbaresques pour faire cesser leurs
exactions. Numance est la seule tragédie espagnole
qui ait été conservée. Elle met en
scène l'héroïsme de la population de
cette cité qui choisit le suicide collectif plutôt
que de se rendre au général romain Scipion.
Les tableaux décrivant la farouche volonté
des habitants et leur mort tragique alternent avec des passages
allégoriques: dialogues entre l'Espagne et le fleuve
Douro, monologues de la Guerre, de la Famine et de la Renommée.
sa
vie, en reprenant des textes anciens et en y ajoutant de
nouveaux – dont plusieurs inspirés de la nouvelle
le Captif insérée dans Don Quichotte –, même
s'il réussit plusieurs de ses intermèdes,
divertissements destinés à être joués
entre deux actes. Il y exerce son talent à rendre
compte – avec autant d'indulgence et d'humour que d'acuité
– des travers des hommes: le Juge des divorces révèle
le drame des couples mal assortis; le Vieillard jaloux reprend
le thème du vieux mari trompé; le Retable
des merveilles dénonce les charlatans.
L'après-Cervantès
Cervantès
n'a pas directement fait école. Pourtant, de tous
les auteurs de ce siècle prolifique, c'est lui qui
exercera le plus d'influence sur la littérature ultérieure.
Le roman de chevalerie ne se relèvera pas de la satire
contenue dans Don Quichotte, non plus qu'une certaine poésie
de cour de sa critique de la production à la mode.
Le genre de la nouvelle comptera désormais ses Nouvelles
exemplaires parmi les modèles à imiter. Son
Numance restera pour les dramaturges d'aujourd'hui l'exemple
même de ce qu'aurait pu être une tragédie
espagnole. Quant aux intermèdes, ils ont nourri la
verve de bien des auteurs de saynètes, genre très
prisé aux XIXe et XXe siècles. Enfin et surtout,
Cervantès a inventé une nouvelle façon
de concevoir le récit qui a révolutionné
l'approche de la littérature: avec lui naissent le
héros «problématique» et le roman
moderne.
(yahoo
encyclopédie)
Homosexualité
Rien
pour le moment.

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gays, lesbiennes ou bisexuelles ayant révélé
leur orientation sexuelle. Si vous n'êtes pas passé
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