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Né
l'année de la mort de Marx et de la naissance de
Joseph A. Schumpeter , Keynes est issu d'une famille d'universitaires,
victoriens et progressistes. Son père, John Neville
Keynes, est l'auteur d'un ouvrage célèbre
de méthodologie économique (The Scope and
Method of Political Economy, 1891); fellow de Pembroke College,
il devient administrateur général de l'université
de Cambridge en 1910. Sa mère, Florence Ada Brown,
l'une des premières femmes diplômées
de Newham College, consacre sa vie à l'action sociale.
Elle entre au conseil municipal de Cambridge en 1914, puis
devient maire de la ville en 1932.
Influences
et vie de Keynes
Comme
la majorité des grands théoriciens de l'économie,
J.M. Keynes subit des influences multiples: philosophiques,
artistiques ou scientifiques.
Après
des études secondaires à Eton, John Maynard
Keynes entre à King's College, où il est admis
dans une société secrète étudiante,
élitiste et antivictorienne, la Cambridge Conversazione
Society encore appelée The Apostles («les Apôtres»)
ou The Society («la Société») ,
où il côtoie, entre autres, Bertrand Russell
et le philosophe anti-utilitariste George Edward Moore,
dont Principia ethica, publié en 1903, exerce une
grande influence intellectuelle sur l'ensemble du groupe.
Mathématicien
de formation, il obtient son diplôme en 1905; Keynes
s'engage ensuite dans l'étude de l'économie
politique, sous la direction d'Alfred Marshall. Puis il
quitte l'université et devient fonctionnaire à
l'India Office, travaillant parallèlement à
une étude sur la théorie des probabilités.
C'est l'époque de sa rencontre avec le peintre Duncan
Grant et des premières réunions du groupe
de Bloomsbury, où se retrouvent une bonne partie
des anciens «Apôtres» et quelques femmes,
comme les soeurs Stephen, Vanessa et Virginia (la future
Virginia Woolf), amies d'enfance de Keynes. Les conversations
y sont passionnées et portent sur l'art, la sexualité
et la créativité, sur Coleridge, Moore ou
encore Freud, qui a été récemment traduit
en anglais.
Après
deux ans à l'India Office, Keynes revient à
l'université. Il achève son travail sur les
probabilités (qui sera publié, dans une version
largement remaniée, sous le titre A Treatise on Probability
en 1921), devient lecteur d'économie politique en
1908, puis fellow de King's College en 1909. C'est à
King's qu'il fonde, pour ses meilleurs étudiants,
le Club d'économie politique, dont les réunions
, les «Soirées du lundi» , se tiendront
sans interruption (à l'exception des années
de guerre) de 1909 à 1937.
En
1911, il devient rédacteur en chef de l'Economic
Journal, poste qu'il gardera pendant trente-trois ans et,
en 1913, secrétaire de la Royal Economic Society.
En 1912, il rédige son premier livre, Indian Currency
and Finance (1913), dont l'objet est moins de décrire
le système monétaire indien que d'amorcer
une réflexion théorique sur les avantages
du gold exchange standard comme système monétaire
international capable de remplacer l'étalon-or.
Lorsque
la Première Guerre mondiale éclate, Keynes
devient conseiller auprès du Trésor, administration
qu'il représente à la conférence de
Versailles en 1919. Mais son désaccord avec les positions
des Alliés sur le montant des réparations
allemandes le conduit à démissionner de la
délégation et à publier une dénonciation
sévère des clauses du traité, The Economic
Consequences of the Peace (1919), qui stigmatise l'excès
d'épargne comme facteur de stagnation.
Keynes
cesse alors ses cours à Cambridge, ne conservant
qu'un séminaire hebdomadaire, les réunions
du Club d'économie politique et les discussions avec
le cercle de ses disciples , le futur Circus.
En
1925, il épouse la danseuse étoile de la compagnie
des Ballets russes de Serge Diaghilev, Lydia Lopokova, qui
deviendra comédienne et avec qui il fonde, en 1936,
l'Arts Theatre de Cambridge.
Son
activité professionnelle se partage désormais
entre l'université, ses travaux théoriques,
ses activités d'éditorialiste et de polémiste
, citons Economic Consequences of Winston Churchill (1925),
sur la décision, qu'il juge inacceptable, de revenir
à la parité-or de la livre; un manifeste de
soutien à la politique proposée par le parti
libéral, Can Lloyd George Do It? (1929); ou encore
How to Pay for the War? (1940) et son rôle de consultant
auprès du gouvernement britannique, qui l'amène
à participer aux négociations de Bretton Woods
(1944), puis à occuper le poste de conseiller spécial
auprès du chancelier de l'Échiquier, de la
fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'à sa mort,
dans sa maison du Sussex, le 21 avril 1946.
La
«révolution» keynésienne
«Je
crois que je suis en train d'écrire un livre de théorie
économique qui devrait largement révolutionner
la manière dont le monde pense les problèmes
économiques, cela, peut-être pas dans l'immédiat
mais au cours des dix prochaines années» (lettre
de Keynes à George Bernard Shaw, 1er janvier 1935).
Il s'agit de son célèbre essai, Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt
et de la monnaie, qui paraîtra en 1936. La «révolution»
keynésienne se fonde sur la critique de trois énoncés
de base de la théorie orthodoxe de l'époque:
la perspective microéconomique et son corollaire,
la représentation d'ensemble de l'économie
à travers les notions de marché et d'équilibre;
la loi de Say et son fondement, la théorie quantitative
de la monnaie; le statut logique accordé au marché
du travail, identique aux autres marchés en ce que
l'offre et la demande y déterminent simultanément
les prix (les salaires réels) et les quantités
(le niveau d'emploi) d'équilibre.
Sur
ces bases, la théorie que Keynes appelle «classique»,
c'est-à-dire fondée sur la loi de Say, «se
trouve incapable», affirme-t-il, «de résoudre
les problèmes économiques du monde concret».
En
premier lieu, la démarche que Keynes propose d'adopter
est macroéconomique, et non plus microéconomique.
Ce qui modifie le cadre même de l'analyse: il ne s'agit
plus de raisonner en termes d'équilibre sur les marchés,
mais d'expliquer, dans une perspective dynamique, les variations
des grandeurs agrégées de l'économie.
Ensuite,
l'économie est pensée par Keynes comme «économie
monétaire de production» (et non plus comme
«économie réelle d'échange»
ainsi que le proposait la théorie classique). Ce
qui entraîne un double constat: d'une part, le rôle
déterminant des anticipations des agents économiques
c'est-à-dire des hypothèses, pessimistes ou
optimistes, qu'ils formulent pour prendre une décision
de dépense, d'investissement, ou d'épargne,
du fait de l'incertitude fondamentale qui caractérise
l'environnement économique, dès lors que la
monnaie est prise en compte; d'autre part, la préférence
des agents pour la liquidité (soit pour les actifs
rapidement transformables en instruments de paiement, monnaie
ou avoirs sur compte à vue). Keynes distingue en
effet, outre les motifs classiques de «transaction»
et de «précaution», le motif de «spéculation»
, écho de l'incertitude sur le futur de l'environnement
économique, pour expliquer l'accroissement de la
demande de monnaie.
Enfin,
le marché du travail n'a pas pour Keynes le même
statut théorique que les autres marchés. Cela
pour deux raisons majeures: l'une tient au fonctionnement
même du marché du travail, où le contrat
entre employeurs et salariés porte sur les salaires
nominaux, rigides à la baisse, et non sur les salaires
réels. L'autre découle du fait que le niveau
d'emploi est déterminé, à ses yeux,
non par les conditions d'équilibre sur le marché
du travail, mais par le niveau général de
la production. En effet, ce n'est pas le salaire réel
qui décide du niveau d'emploi, comme le montre, dans
la Grande-Bretagne de l'entre-deux-guerres, le cas de travailleurs
ne trouvant pas à s'employer, bien qu'ils aient accepté
d'être sous-payés.
Conclusion
logique de ses critiques à l'égard de la loi
de Say, la Théorie générale fait apparaître
une nouvelle perception de l'économie qui place le
problème du chômage au coeur de l'analyse économique.
L'idée
centrale de Keynes est que le niveau de l'emploi, qui est
déterminé par le niveau de la demande effective
sur une période donnée, ne coïncide pas
forcément avec le revenu global distribué
à l'occasion du processus de production. En effet,
il est possible que ce revenu global ne soit pas dépensé
dans sa totalité, ce qui rend la demande effective
insuffisante pour maintenir un niveau d'emploi satisfaisant.
D'où la nécessité d'analyser les deux
déterminants de la demande globale: la consommation
et l'investissement. La fonction de consommation est caractérisée,
selon Keynes, par une «loi psychologique fondamentale»,
qu'il définit en termes simples: «Lorsque le
revenu croît, la consommation croît aussi, mais
dans une moindre mesure.» Dans les sociétés
modernes, la propension marginale à consommer des
agents est donc toujours inférieure à 1.
Quant
à la fonction d'investissement, elle dépend,
d'une part, des anticipations des entrepreneurs sur le futur
de l'économie et, d'autre part, de l'efficacité
marginale du capital, telle que l'apprécient ces
mêmes entrepreneurs avec la méthode de l'actualisation
, qui consiste à ramener l'avenir, soit les recettes
que l'on peut attendre d'un investissement, à sa
valeur actuelle, c'est-à-dire à son coût
initial. La décision d'investissement dépend
ainsi de la comparaison entre le taux d'intérêt
du marché (le coût de la monnaie liquide nécessaire
au financement de l'investissement) et l'efficacité
marginale du capital; et son volume, de l'égalisation
de ces deux taux.
Par
ailleurs, Keynes montre, à la différence des
classiques, que l'acte d'épargner et l'acte d'investir
sont indépendants, et que le taux d'intérêt
du marché, variable purement financière, n'assure
pas l'ajustement entre l'épargne et l'investissement,
mais égalise seulement l'offre et la demande de monnaie
liquide.
La
construction converge ainsi vers ce qui constitue l'objet
premier de la Théorie générale : expliquer
la persistance durable d'un taux de chômage important,
le «pot au noir» d'Arthur C. Pigou, en réfutant
la théorie classique du chômage volontaire.
Dans la logique de Keynes, en effet, c'est l'emploi qui
est requis par le niveau de production et le salaire réel
par le niveau d'emploi, et non l'inverse. En outre, l'auteur
constate que le volume d'emploi peut s'établir à
un niveau correspondant à une situation d'équilibre
sur le marché des biens, sans pour autant assurer
le plein-emploi. Cet «équilibre de sous-emploi»
est donc caractérisé par un chômage
involontaire et structurel, et non volontaire et conjoncturel,
comme le décrit la théorie orthodoxe, défendue
alors en France par Jacques Rueff.
Avec
pour toile de fond la crise des années 1930, l'un
des objectifs de la «révolution» keynésienne
est d'affirmer, contre le modèle du marché
autorégulateur, l'existence et la nécessité
d'une politique économique. Si l'enjeu de la croissance
passe par la relance de la demande effective, le rôle
de toute politique économique est d'en stimuler les
composantes: la consommation et l'investissement. Ce qui
délimite trois axes d'intervention.
La
redistribution des revenus. L'accroissement de la consommation
de l'ensemble des agents économiques passe, avant
tout, par une politique de redistribution des revenus en
faveur des plus pauvres, dont la propension à consommer
est la plus élevée. C'est là le principe
directeur des réformes fiscales conduites dans les
années 1940 et 1950 dans les pays occidentaux.
L'abaissement
du taux d'intérêt par des mesures de politique
monétaire, essentiellement par l'intervention sur
le marché monétaire, est destiné, simultanément,
à réaliser l'«euthanasie des rentiers»
et à stimuler l'investissement en abaissant le seuil
d'efficacité marginale du capital.
Keynes
proposera une réforme du système monétaire
international, partant d'une critique drastique de l'étalon-or
au nom de la nécessaire indépendance des politiques
économiques nationales. Déjà esquissé
dans Indian Currency and Finance, son projet est développé
dans le plan qu'il soumet en 1944 à la conférence
de Bretton Woods, où il propose de créer un
nouvel étalon monétaire, le «bancor»,
ainsi qu'une chambre de compensation chargée de gérer
les opérations de crédit entre banques centrales.
Keynes
accorde également un rôle important à
la dépense publique ( les «grands travaux»),
dont le financement peut être assuré par l'emprunt
public, c'est-à-dire par le déficit budgétaire.
«Les
années de haute théorie»: la formule
de Shackle résume bien l'effervescence intellectuelle
qui a entouré la rédaction de la Théorie
générale. Prolongée, dévoyée,
critiquée, récupérée, la «révolution»
keynésienne nourrit des débats depuis cinq
décennies sur les points les plus divers: la croissance,
la politique économique et la comptabilité
nationale, la théorie de la consommation, ou encore
la relation entre taux de chômage et taux d'inflation.
Keynes a laissé un héritage foisonnant.
Homosexualité
La
société secrète "Les apôtres",
que fréquente JM Keynes, est avant tout un cercle
d'étudiants homosexuels.
En
1908, il a commencé une affaire sérieuse par
le peintre impressioniste Duncan Grant, une liaison qui
va durer 7 ans. Il dira plus tard qu'il était la
seule personne en qui il a trouvé une combinaison
de beauté et l'intelligence donnant vraiment satisfaction.
Seulement quelques décennies après la condamnation
d'Oscar Wilde, les nombreuses affaires de Keynes avec de
jeunes hommes ne lui ont jamais causé d'ennui légal.
En
1925 (une fois célèbre), Keynes a épousé
une ballerine Diaghilev, Lydia Lopokova, mais Keynes n'a
jamais eu d'enfants.

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